Grande préparation [Caliban]

-Hééé !!

La porte claqua avec violence. Protestations.

- Ca ne va pas la tête ! Jsuis fragile moi, qu’est-ce…
-La porte ?
-Sans blaague !! Quoi ?
-Sois gentille : ferme-la.

L’objet magique ne répondit rien, vexée. Jenkilah jeta un regard aux alentours : de multiples yeux la dévisageaient, en silence : elle avait le don de faire taire les langues les plus musclées et les plus aptes aux ragots par une simple entrée. Et ce, depuis son arrivée à Omois.
Là, c’est sur, elle devait faire peur la Jenki : pâle comme une morte, la seule touche de couleur était ses yeux d’un rouge flamboyant, légèrement humides d’une excitation heureuse. Elle n’ouvrit pas la bouche.
Elle rentrait à peine de… quelque part. Elle n’avait pas la moindre envie que cela ce sache. Aussi vira-t-elle tout le dortoir, afin de se préparer tranquillement. La seule résistance qu’elle rencontra fut une jeune fille, à peine plus âgée qu’elle, avec qui elle eut cette conversation :

-Ca te fait quoi si je ne veux pas sortir ?
-Moi ? Rien. Mais a toi, je n’ose même pas imaginer ce qu’il t’arriverait.
-Tu crois me faire peur ?
-Et bien, je dois t’avouer que… oui.

La jeune fille ne rajouta rien. Et s’enfuit. *Enfin…*
Jenkilah s’approcha de l’armoire où se tenaient ses effets personnels, en sortit une grande boite. Elle souffla dessus pour enlever la pellicule de poussière, et en sortit son contenu : une sublime robe de couleur framboise claire, avec la parure assortie. Elle avait appartenue à sa mère, et était la seule chose que sa fille avait pu récupérer d’elle.
Jenkilah se déshabilla devant le miroir. Elle était mince, même plus que ca, et sur sa poitrine… était inscrite la marque qui faisait qu’elle ne se déshabillait que lorsqu’elle était seule : un faible cercle lumineux.
Malgré elle, elle avait été initiée très jeune, et la magie démoniaque était comme ancrée dans ses gènes. Dissimulé, affaibli par des sorts, il n’en était pas moins là. A sa grande horreur. Elle n’osait imaginer ce qu’il se passerait si…
Elle enfila la robe en vitesse. Elle lui allait à merveille. Elle accrocha la fleur enrubannée dans ses cheveux et enfila les gants. Comme cela la changeait de porter des couleurs claires !

-Jamais je n’oserais sortir comme cela !
-Cela te va pourtant bien !

Elle tourna vivement la tête et le sang lui monta aux joues. Elle eut soudain envie de disparaitre. Cal venait de rentrer dans le dortoir. Comment, elle n’en savait rien. Mais il était là.

Cal en avait marre, d'attendre comme un scrogneupluf tout seul devant la porte de la Salle de Bal. Plus que marre en fait. Bon, il avait l'habitude, avec les filles, qu'elles arrivent en retard. Il n'y avait qu'à voir avec Moineau et Tara. Elles, elles mettaient des heures à s'habiller, même Tara avec la Changeline. Il avait été patient. Enfin, un petit peu.
Puis, il avait craqué. Le Voleur avait décidé d'aller dans la chambre de Jenkilah, la chercher. Et il y entrerait. Par n'importe quel moyen. Il se faufila parmi les invités, qui le regardaient, surpris, et cogna dans une femme qui lui lança un "Oh !" exaspéré. Il se retint de lui tirer la langue, et continua vers les dortoirs. Il arriva devant la porte. Un oeil, puis une bouche s'y forma, et la porte demanda :

- Oui ? d'un ton un peu crispé.

- Bonjour, je voulais vous demander de vous ouvrir, s'il vous plait !

- Hors de question.

- Mais... Je vous en supplie, la fille qui devait m'accompagner est là-dedans, je dois aller la voir !

- Oui, eh bien, la fille qui devait t'accompagner, petit sortcelier, elle m'a claqué très violemment. Mais je vais lui demander si je dois lui ouvrir.

- Nooon !! s'exclama Cal avec force. Elle ne doit pas savoir que je suis là. S'il vous plait !

La porte sembla capituler. Après un bref instant, elle s'ouvrit silencieusement, laissant passer le petit Voleur. Il observa; intéressé, le décor du dortoir des Filles, avant de trouver, en son plein milieu, Jenkilah.
Ce fut là qu'il en resta bouche-bée. *Ouah ! *

La jeune fille, d'ordinaire si sombre, si noire, était devenue radieuse. L'admirant, il resta planqué dans un recoin, impressionné. Elle était... belle. Très belle. Il secoua la tête. Il ne voulait, il ne devait pas oublier Eleanora. Non.

-Jamais je n’oserais sortir comme cela !
-Cela te va pourtant bien !

Il sortit cela comme ça. Cal se retint de se mettre la main devant la bouche, et c'est avec son air ébahi, un peu crétin, que la jeune fille le découvrit. Il rougit légèrement, et lui sourit.

- Je vois que tu es prêtes !

Il ajouta un petit clin d'oeil, et lui proposa son bras.

Elle hésita devant le bras que le garçon lui tendit. Le compliment lui était monté droit au coeur, mais elle n'osait pas... que pensait-il vraiment d'elle ? Elle était en retard, d'abord, et illa trouvait se pavanant... non, d'accord pas exactement.
Elle jeta un dernier coup d'oeil au miroir, puis au bras de Cal, puis ota rageusement ses gants. Elle les jeta sur son lit, s'y laissa tomber en poussant un long soupir.

-Je ne sais pas... je ne pense pas...

Elle vit le sortcelier hausser un sourcil l'air interrogeur. Soudain, elle se rendit compte du ridicule de sa position : assise, à geindre, sur le lit, en face d'un garçon venu la chercher pour l'accompagner au bal !...

-Non !

Elle avait crié. C'était reparti : son sale caractère reprenait le dessus.

-Non. Je n'irai pas au bal.

Cal resta un instant comme un imbécile, le bras tendu, tandis que Jenkilah le contemplait. Lorsqu'elle jeta ses gants, il se pencha, les ramassant sur le lit, tandis qu'elle s'y asseyait.

-Je ne sais pas... je ne pense pas...

Il la regarda, l'air interrogateur. Mince, alors, il passait vraiment pour un crétin, maintenant !

-Non !

Il eut un bref mouvement de recul. Alors que le Voleur allait ouvrir la bouche, la jeune fille ajouta :

-Non. Je n'irai pas au bal.

Il répondit, le plus vite possible, histoire de ne pas se faire couper :

- Okay. Si tu veux, tu ne vas pas au bal. Mais, fais gaffe, parce que ne pas aller au bal ne signifie pas se débarasser de moi. Je reste avec toi, quoi que tu fasses, pigé ?

Il se rendit alors compte qu'il avait peut être un peu exagéré. Il se reprit, prenant une expression embêtée.

- Oh, je suis désolé, je me suis un peu emporté... Mais, viens, on va s'amuser ! On danseras pas, si tu veux, mais allons-y !

Il se sentait limite près à la supplier à genoux.

Jenkilah eut un hoquet de surprise. Le garçon avait réagi du tac au tac... hmm, visiblement, fallait mieux pas trop le chercher ! Elle se sentit soudain un peu minable, et laissa parler Cal, qui continua sur u ton un peu plus... un peu moins...

-Oh, je suis désolé, je me suis un peu emporté... Mais, viens, on va s'amuser ! On danseras pas, si tu veux, mais allons-y !
-De toutes les façons, je sais pas danser !

Non, elle ne mettait pas tout son coeur à être méchante. A vrai dire, un bal, cette idée lui plaisait presque. Mais l'avouer ? Jamais, ce serai montrer une faiblesse de sa part.
C'est à cet instant que Loods décida de se manifester. Loods, son féroce en apparence mais discret familier... Elle l'avait à ses côtés depuis si longtemps que sa présence était ancrée en la sienne. Collé à ses talons, c'était un confident comme pas deux et lui seul avait le superbe de la raisonner dans ses colères et moments d'excés.

*Jenki ?*
*Ouuii, Loods...*
*Ne sois pas si méchante avec ce garçon ; les amis, c'est sacré*
*Jsuis pas méchante ! Et qui te dit qu'il me considère vraiment comme une amie ?*
*... ni bougon ! Il ne te veux rien de mal, au contraire ! Il veut que tu t'amuses... avec lui.*

Jenkilah admetta silencieusement que son famillier avait raison.
A peine quelques minutes s'étaient écoulées lors de cet échange, et Cal n'avait rien remarqué. Il la regardait, patiemment, attendant une réponse de sa part qu'il, visiblement, attendait comme négative.

-...

Elle n'arrrivait pas à demarrer. Finalement, laissant les mots pour plus tard, lentement, elle se leva et récupéra dans les mains de son ami ses gants. Ils n'étaient, par chance, pas abimés. Elle les enfila, ajusta ses cheveux dans un ultime geste de coquetterie, et lanca un timide sourire, qui précéda la réaction du jeune voleur.

-De toutes les façons, je sais pas danser !

Le jeune Voleur eut un petit sourire narquois.

- Tant mieux, moi non plus.

Il regarda, songeur, sa nouvelle amie. Elle semblait un peu... concentrée. Blondin, dans son dos, jappa, un peu moqueur. Lui, capable de cambrioler n'importe quel endroit, de faire n'importe quelle acrobatie, était presque incapable de raisonner une fille. Ouah. Cal allait ouvrir la bouche, quand Jenkilah lui prit ses gants, et les enfila. Elle arrangea ses cheveux, déjà impeccables aux yeux du Voleur.
Il sourit, tout content, et ouvrit la bouche :

- Génial !

Il prit un petit air inquiet.

- Enfin, je veux dire... on y va ?

* Dans le genre crétin tu fais pas mieux...
- Blondin, je t'ai pas demandé ton avis.
- Rooh, ça va, hein ! *

Elle sourit devant l'enthousiasme du voleur. *C'est bien pour te faire plaisir !!...*
*Jenki !*
Son familier lui envoya l'image d'une jeune fille grimacante et raleuse, si comique que Jenkilah éclata de rire. Satisfait de son petit effet, la jeune fille se transforma en une jeune panthére cabriolant comme une folle. Les yeux fermés, Jenkilah pouffait comme une idiote... et s'en rendit bien compte. Ouvrant de grands yeux, elle amena vite sa main devant sa bouche avant d'expliquer.

-Désolé, ce n'est pas toit! C'est... Nan, laisse tomber, c'est rien.

Elle lui sourit, pris son bras toujours tendu et jeta un regard noir vers Loods, qui riait silencieusement. Droite comme un piquet, elle se tourna vers lui.

-C'est d'accord... allons-y !

[Tu finis pour m'enmener vers le bal ??]

Cal allait lui proposer de sortir, quand la jeune fille se mit à rire, les yeux fermés. Un peu déconcerté, il l'observa; quand elle rouvrit les yeux. Elle rougit, puis lâcha un gêné :

-Désolée, ce n'est pas toi! C'est... Nan, laisse tomber, c'est rien.

Il répondit en haussant les épaules, se posant soudain des questions sur la mentalité de sa compagne. Le Voleur sourit, puis Blondin jappa. Il fallait peut être partir, si ils ne voulaient pas arriver à la fin du bal...

- On y va ?

Son amie acquiesça, et le suivit hors de la pièce.

[ On finit comme ça ? ]

[Impec ! Je comm le bal...]

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