Maître et élève en action [Longinus Theandras]

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Alicia se baladait dans le château. C'était le soir, environ 21h. Peu de monde traînait à cette heure-ci dehors. La plupart des élèves était dans leur chambre ou au discutarium. Ils ne vagabondaient pas comme une âme en peine dans le château. Mais la jeune fille n'était pas une âme en peine pour autant, du moins pas de l'extérieur. Elle savait qu'elle n'avait pas trop le droit de se balader en dehors de sa chambre à cette heure-ci mais la forêt l'appelait, la demi-elfe avait besoin de la compagnie d'un arbre durant ne serait-ce que cinq minutes.

Au détour d'un angle, alors qu'elle allait toucher à son but, la jeune fille faillit rentrer dans quelqu'un, seuls ses réflexes d'elfe lui ont permis d'éviter la personne mais à quel prix ? Si cette personne était attentive, elle pourrait peut-être supposé la vraie nature d'Alicia. Et oui car la demoiselle se fait passer pour une humaine dans la palais. Seule sa mère connait réellement son apparence et sa véritable identité. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles elle craint son maître : Longinus Théandras. Le grand mage doté d'une intelligence hors du commun était bien capable de trouver son secret.

Une fois la personne évitée, la jeune fille se rendit compte qu'elle ne l'observait pas particulièrement : elle avait eu chaud. Seulement étant donné la personne, elle avait de quoi avoir des craintes quand à la suite de l'échange. Le grand mage était là. Que faisait-il lui aussi dans les parages ? Et comment elle allait justifier sa propre présence dans ses couloirs ? Alicia s'était mise dans la panade et devait réfléchir au plus vite.

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Que faire lorsque l'on se sent las de tout ? Longinus n'avait pas vraiment dormit depuis quelques jours, somnolant sporadiquement sur son bureau lorsque personne ne venait le déranger pour une question futile et idiote. Bien sur, maintenant qu'il était le Premier Ministre Omoisien l'on requerrait bien plus souvent sa personne qu'il n'avait de temps pour écouter toutes ces personnes, lire tous les dossiers et papiers divers et variés qu'on lui envoyait, assister aux audiences, résoudre des problèmes et surtout s'occuper de sa Première Sortcelière, Alicia Froulio. Il l'avait déjà depuis deux ans à son service et il n'avait jamais vraiment trouvé le temps de s'occuper vraiment d'elle ou de prendre un peu de temps rien que pour parler avec elle de ce qu'elle ou il aurait voulut, comme le font de temps a autres les autres Hauts Mages qui en parlent souvent entre eux des progrès de leur élèves et/ou des discussions avec eux, lui, ne pouvait pas participer a ce genres de conversations sans passer pour quelqu'un qui ne faisait pas attention a sa jeune Première.

Pour éviter de la laisser traîner comme une âme en peine pendant des heures il lui donnait souvent du travail a profusion pour qu'elle n'ai pas forcément le temps de lui traîner dans les pattes pendant qu'il essayait de se débarrasser de quelqu'un d'autres. Bien sur, il y avait eu des fois des moments d'accalmie où il avait pu s'occuper essentiellement d'elle, mais ces moments devenaient de plus en plus rares et les seuls moments où il arrivait à être libre étaient souvent bien tard et une jeune adolescente comme elle n'avait pas forcément envie de courir partout dans le château tard dans la nuit ou très tôt le matin. Et puis, la plupart des Premiers étaient couchés vers 22 heures, elle devait sûrement traînée avec eux et n'aimerait pas être embêtée par son vieux rabat-joie de Haut Mage. Bien qu'Alicia ne semblait pas très sociable, elle avait surement des occupations de son âge qu'il ne pouvait plus comprendre mais dont il savait le besoin qu'on en avait quand on était encore jeune.

S'étirant en baillant après s'être éreinté les yeux sur une énième feuille, dont il n'avait rien compris a part que cela devait être tellement important qu'il pouvait la reporter au lendemain, c'est en se rendant compte qu'il avait lu quatre fois la même ligne sans comprendre pour autant ce qu'il y avait marqué qu'il se dit que toutes ses obligations pouvaient aller au diable et qu'importe l'heure, il allait faire une razzia aux cuisines et aller dormir deux ou trois heures dans un vrai lit avant de se ré-attaquer a toute cette paperasserie. Se frottant les yeux qui commençaient à papillonner de fatigue, il s'étala de l'encre qui parsemait ses doigts sur le visage sans vraiment y faire attention. Même si le fait qu'il maîtrisait la magie pouvait l'aider a accélérer le mouvement dans certaines occasions, il préférait écrire au stylo-bille ou au stylo a encre, même s'il paraissait vieillot et était toujours complètement taché par l'encre qui fuyait ou qu'il étalait, il ne démordait pas et ne voulait absolument pas changer ses habitudes.

Baillant derechef, il se leva et quitta le bureau en enjambant les tas de papiers qui fleurissaient un peu partout et formaient des tours instables un peu partout, un coup de vent aurait pu détruire le travail de classement qu'il avait mit plusieurs jours a faire pendant son temps libre, il ne faisait pas confiance aux sorts pour classer quelque chose, préférant classer a sa manière et ne pas s'y retrouver plutôt que de perdre du temps a signer d'autres papiers. Se frottant la joue avec la manche trop longue, il étala les petits caractères qui parsemaient celle-ci, signe qu'il avait dormi sur un dossier où il venait tout juste d'écrire.

Les portes s'ouvrirent toutes seules et il hésita quelques secondes entre aller manger de suite ou d'aller dormir avant. Dormir en premier serait surement plus intelligent, mais il se trouvait plus loin de ses quartiers que des cuisines.... Tout en se dirigeant vers celles-ci sans faire attention aux regards des gens qui le dévisageaient et vers l'endroit où ses jambes l'emmenaient, il se dit qu'il devrait peut-être mettre un lit dans son bureau, ce serait plus facile et plus rapide.

Les gens commençaient à se faire rares dans les couloirs, mais à Omois, ils ne sont jamais vraiment déserts, il y a toujours des noctambules, des insomniaques ou des gens qui travaillent encore ou font d'autres choses qui ne concerne pas forcément les personnes qui les entourent. Mais les Premiers étaient souvent déjà dans leurs chambres ou à la bibliothèques, préférant s'économiser en prévision du travail que leur donnerait leurs maîtres. Quel ne fut donc pas sa surprise lorsqu'il faillit heurter une jeune fille au détour d'un couloir (qui n'était d'ailleurs pas du tout le chemin qu'avait décidé son ventre), ses réflexes amoindris par son état somnolent l'aurait fait percuté la jeune personne qui arrivait du côté opposé, mais la personne en question était plus réveillée que lui et l'évita souplement et évita ainsi une collision douloureuse et parfaitement inutile.

Longinus mit quelques secondes a reconnaître Alicia, qui était sensé d'ailleurs dormir a cette heure crévindieu, et pencha la tête sur le côté d'un air interrogateur, que faisait-elle debout à cette heure a... a cette heure ? Faisant un sourire mi-figue mi-raisin, il s'avança un peu plus dans le couloir pour éviter qu'une personne le percute alors qu'elle tournait elle aussi a ce couloir (en cherchant à manger aussi...). Qu'Alicia soit debout ne l'arrangeait pas vraiment, il aurait aimé être couché avant de s'endormir sur place et si possible sans rencontre inopinées.

'Alicia ! Quel bonheur de te voir aujourd'hui ! Je ne t'ai pas vu de la journée, c'est dommage, j'avais justement du travail pour toi.'

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Alicia venait de réaliser que la personne qui dormait à moitié et qu'elle avait faillit percuter n'était autre que le Haut Mage Longinus Theandras. L'homme, âgé de 38 ans, avait un certain charme pour ceux qui savaient admirer une beauté comme la sienne. Les cernes sous ses yeux montraient que le 1er ministre Omoisien prenait son travail très au sérieux au point qu'en deux ans de service à ses côtés, Alicia ne savait pas grand chose de Longinus. Quand elle entendait des conversations par le plus grand des hasards entre d'autres Premiers, la demoiselle se rendait compte à quel point ils étaient proches de leur mentor contrairement à elle. Cependant, Alicia s'était rendue compte que les mauvaises langues parlaient également sur son dos. Pourquoi me direz-vous ? Tout simplement parce qu'elle, petite sortcelière au nom inconnue, a été choisie pour être la Première sortcelière du plus grand Haut Mage d'Omois mis à part les dirigeants. Non seulement c'était un grand honneur mais cela était également l'objet de moquerie. Certains disaient que la jeune Alicia aurait emprunté de l'argent à quelqu'un de très fortuné contrairement à sa famille tout cela pour payer le Haut Mage pour qu'il accepte de la prendre. Ces racontards étaient complètement stupides et infondés. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Alicia n'y portait aucune attention préférant continuer d'étudier dans son coin lorsqu'elle avait du temps libre. Alicia n'était pas l'adolescente la plus puissante tout simplement parce que Tara, l'Héritière, l'était bien plus qu'elle. Mais à force d'étudier, la jeune fille commençait à se débrouiller un petit peu.

Alicia se demandait bien où se dirigeait ainsi son mentor. Celui-ci était en piteux état, de plus, celui-ci ne pensait qu'au travail. Une journée de congé avait été des plus bénéfiques pour Alicia qui se tuer à la tâche pour son Maître qu'elle ne voyait que très rarement. Souvent, ses indications lui étaient donnés par un effrit ou grâce à son accrédidation. Et aujourd'hui, par le plus grand des hasards, elle le croisait dans le couloir tandis qu'elle voulait aller dans le parc se ressourcer. Mais bon ce n'était pas trop grave, ça serait pour plus tard.

- Bonsoir Maître ! Je suis désolée de ne pas vous avoir vu, j'ai entendu dire que vous étiez sur un gros dossier, j'ai donc préféré attendre que vous m'envoyez un effrit. Cependant je vous assure que je n'ai pas arrêté de travailler aujourd'hui.

Alicia avait passé beaucoup de temps en salle d'entraînement aujourd'hui profitant de cette pause, aisni qu'à la bibliothèque faisant des recherches pour augmenter la puissance du sort de camouflage qui lui permettait de passer pour une humaine.

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La jeune femme qui lui faisait face était bien son apprentie, Alicia Froulio, Longinus n'avait jamais eu à se plaindre d'elle, toujours correcte, bien habillée, polie et serviable. Il ne l'avait jamais entendue râler quand il lui donnait un surplus de travail alors que les autres adolescents de son âge avaient déjà fini de travailler depuis belle lurette. Bien sur, il lui arrivait de s'en vouloir un peu, mais elle avait acceptée d'être à son service tous le temps où elle était Première, elle n'avait donc rien à dire ou se trouver expressément un nouveau Haut Mage qui voulait bien la prendre. Il n'avait vraiment pas le temps de s'occuper de quelques pleurnichards.

Sa jeune première lui dit qu'elle n'était pas venue le voir car on lui avait dit qu'il travaillait sur un dossier important... Il travaillait tous les jours sur de gros dossiers important, ce n'était donc pas vraiment une raison pour ne pas venir le voir en personne, mais il était vrai que la plupart du temps, il lui envoyait des effrits ou lui parlait via son accréditation au lieu de la convoquer ou de lui parler en personne, c'était bien moins fatiguant, et c'était du temps qu'il gagnait pour pouvoir dormir sans qu'on vienne voir s'il bossait bien.

Alicia était une adolescente consciencieuse et ne doutait donc pas que la jeune femme ait travaillée toute la journée et plus encore, mais il ne voulait pas qu'elle suive ses traces et s'écarte des autres pour pouvoir lui prouver qu'il avait bien fait de la prendre comme première, il ne voulait pas qu'elle fasse les mêmes erreurs que lui par le passé, il en souffrait suffisamment et ne le souhaitait à personne, bien sur, il aurait pu aller vers les gens lui aussi, mais il ne trouvait pas le temps de se faire des amis, la mort de Tyran'Hic avait laissé suffisamment de papiers et il avait mit du temps à s'adapter, augmentant la pile de travail qu'il devait fournir. Quand il aurait réussi à classer le plus gros, il s'occuperait un peu plus d'Alicia.

'Je n'en doute pas, Alicia... Tu sais, ma porte sera toujours ouverte pour toi, n'hésite pas à venir, je ne mords pas... Puis-je savoir ce que tu fais à cette heure ci dans les couloirs ? Tes camarades doivent déjà être couchés.'

Longinus se déplaça un peu, mettant tous le poids de son corps sur sa jambe gauche, comme le font souvent les gens quand ils commencent à fatiguer d'être debout. Certains adultes n'arrivaient plus à déplacer les poids du corps sur une des deux jambes, leurs articulations ne le supportant pas. Longinus devait être encore suffisamment jeune pour cela, et il se félicita de sa 'jeunesse' gâchée dans les bouquins, les bureaux et la paperasserie. Le vieux commerçant disait souvent : 'Vivre jeune et mourir vite, y'a que ça de vrai, vois ce que je suis devenu sans avoir pu profiter de ma vie...'.

A l'époque, il n'avait pas énormément porté crédit aux divagations du vieux, se disant toujours qu'il allait étudier pour avoir un beau métier, gagner plein de sous et avoir plein de temps libre pour dépenser les dits sous. Il se rendait maintenant compte qu'il avait étudier longtemps, un métier ennuyeux et prenant, des sous, mais pas de temps pour les utiliser. La vie est injuste n'est-ce pas ?

'Tu devrais profiter du fait que tu sois encore jeune, amuse toi un peu, pendant que j'ai le dos tourné.'